En pays Ouighour

Kashgar
Kashgar

Dates : 31 août – 4 septembre 201

Rédacteur : Anne

Trajet : Urumqi – Kashgar – Route 309 Km 99

 

Notre deuxième grand départ pour prendre le train est à mettre dans la partie folklorique de notre voyage. Nos vélos sont partis la veille par le train et pour des raisons d’économie, nous avons récupéré nos six sacoches envoyées la fois précédente. Et c’est en portant cet énorme sac à la main que nous réalisons à quel point nous sommes chargés et à quel point nos vélos sont de bonne volonté ! Nous quittons l’auberge de jeunesse persuadés de pouvoir trouver un taxi. Que nenni ! Nous attendons plus d’une demi-heure, pas de taxi libre en vue. Nous nous décidons donc à prendre un bus. Imaginez la scène, nous avons chacun une sacoche assez lourde, plus un sac à dos et nous portons à bout de bras 50 kg de sacoches contenues dans une bâche informe avec peu de prise.

Dans ces conditions, un stop tous les 50m est obligatoire : nous enrageons un peu de devoir faire des économies sur cet envoi !

Alors que nous sommes à l’arrêt de bus, miracle, un taxi apparaît et nous sauve notre trajet vers la gare. Nous bénéficions de la gentillesse d’un monsieur qui nous aide à porter notre paquet maudit jusqu’à l’entrée de la gare. Là, nous sommes arrêtés par des agents de la SNCF chinoise, qui nous demandent un peu sèchement de défaire notre paquetage ! Catastrophe ! En fait, pas vraiment, car il est plus aisé de porter ces différents paquets désassemblés. Nous sommes fouillés comme dans un aéroport, notre couteau suisse réchappe de justesse à la poubelle… Nous sommes dans la salle d’attente, plutôt pleine et nous voici bientôt dans notre compartiment.

Le voyage peut commencer et nous pouvons décompresser. Résultat, nous passerons 14heures sur 26 à roupiller ! Rien à voir avec notre voyage précédent, nous sommes dans un confort proche du luxe pour nos standards.

Les couchettes sont franchement incroyables, ils arrivent à mettre 4 personnes par couchette, avec 8 box, le tout sur 2 étages. On est loin des lunéas qui entassent bien moins leurs clients. Mais le train chinois est aussi bien moins cher !

 

Kashgar
Kashgar

En arrivant à Kashgar, nous débarquons dans un autre monde. Ici, nous sommes en terre ouighour.

  A la sortie de la gare, les hommes ressemblent davantage à des Turcs ou des Marocains qu’à des Chinois. La présence de ces deux cultures vivant à côté interpelle d’ailleurs beaucoup. Rien n’est plus différent que la culture chinoise de la culture ouighour, franchement inspirée des traditions musulmanes.

 Nous rejoignons notre auberge de jeunesse, dans la vieille ville de Kashgar, derrière la grande mosquée. Là encore une surprise nous attend. Nous débarquons dans une vieille bâtisse ouighour qui abrite de nombreux occidentaux en voyage et aussi leurs vélos !!! Incroyable. Nous n’avons pas vu autant de cyclistes depuis Cusco au Pérou voire depuis la Carreterra Austral ! Ici, voyager à vélo n’a rien d’extraordinaire et c’est lorsqu’on voyage en bus ou en train qu’on fait l’exception. Et quand quelqu’un a une date de retour pour son voyage, il est presque plaint par ses interlocuteurs. Et si jamais, cette personne « n’a que 7 semaines de vacances avec un boulot au retour » alors elle appartient à une catégorie qui se rapproche de celle de celui qui annonce à son bureau qu’il part faire le tour du monde à vélo. Ça fascine et ça paraît surréaliste ! Parce qu’ici les gens voyagent « for ever » pour beaucoup. Ils s’arrêtent de temps en temps pour travailler afin de continuer leur voyage. C’est aussi un peu la course à celui qui a traversé le plus grand nombre de pays et les pays les plus dangereux. Personnellement, j’avais l’impression que certains vivaient une fuite, ou un voyage sans but.

Mais on rencontre de vrais personnages et les échanges sont très intéressants : matériel, itinéraire, bons plans… On fait la rencontre de Sarah, l’amie de Jésus, que nous avons rencontré à Urumqi, le courant passe et c’est un atelier nettoyage de vélo qui se met en place, pendant je reprise le matériel de camping qui doit l’être.

 

Kashgar
Kashgar

Si notre arrêt à Kashgar est essentiellement dédié à la préparation de notre voyage jusqu’à la frontière Kirghize, nous profitons de faire un petit tour dans cette ville chinoise du bout de la Chine.

Nous sommes dans la vieille ville et nous baladons dans ce quartier résidentiel ouighour. Nous y retrouvons les passages étroits des médinas, les couloirs sombres, mais le charme du Maroc n’y est pas. Cependant, cette visite est intéressante car cet endroit constitue le dernier vestige de la ville d’avant. En en sortant, on se retrouve face à des gratte-ciels chinois. Contraste saisissant qui permet de mieux comprendre pourquoi les Chinois apparaissent comme des envahisseurs. Petit à petit, la ville chinoise prend le pas sur la ville ouighour, détruisant l’existant historique pour construire des immeubles « efficaces » où l’on peut mettre beaucoup de monde, où la recherche architecturale est absente et où le coût de construction est très peu élevé. Ce qui est amusant, c’est qu’on peut voyager entre la Turquie et la Chine en traversant un trottoir : les fruits secs, le pain plat, les figues d’un côté, les paos, les soupes de nouilles, les œufs de caille de l’autre.Nous pensions rater quelque chose en partant, le lendemain, finalement, nous n’avons pas de regret. Kashgar nous a permis une pause technique agréable.

 

Paysages sur la route
Paysages sur la route

Nous avons rencontré une jeune anglais prénommé Matt, au consulat kirghize à Urumqi et nous le retrouvons dans notre auberge. Il vient de s’acheter un vélo et le matériel nécessaire pour commencer un voyage à travers l’Asie Centrale et l’Europe, direction l’Angleterre en Juin. Il est depuis deux jours notre compagnon de voyage, ce qui je dois dire, n’est pas désagréable. C’est assez sympa car nous parcourons avec lui ses premiers km et je me revois il y a 11 mois, commençant avec le matériel de camping, l’organisation des sacoches, les vélos eux-mêmes, la découverte de l’effort, l’importance des pauses.

Tout ce qui aujourd’hui nous parait normal et que l’on fait sans réfléchir, presque sans se parler et qu’on optimise encore et encore (du poids, de l’espace, de l’agencement…). On passe pour des vieux loups de la route. Et on est contents aussi d’échanger avec un autre. D’autant qu’au fil des jours, on apprend à se connaître et le courant s’établit. Et puis, nous parlons anglais, ce qui nous remobilise les neurones

.La route, quant à elle, est assez grandiose, très minérale avec de grands orgues montagneux qui se détachent du ciel.

Les premiers km nous ont fait passer à travers de villages ouighours où les maisons en terre sont cachées derrière des rangées d’arbres. Cet habitat traditionnel nous touche et nous apprécions la finition de portes d’entrée sculptées dans le bois. Nous rencontrons des gens adorables qui s’invitent à notre pique-nique. On baragouine quelques mots d’anglais, de russe et de chinois pour se comprendre. On partage du pain et du thé (ce qui est notable, c’est que c’est nous qui les offrons). Nous passons un bon moment. Puis le long de la route, de temps en temps, une ville chinoise champignon sort au milieu du désert et on retourne pour quelques centaines de mètres en Chine.

Nous faisons aussi parfois des rencontres étonnantes et hier j’ai eu droit une démonstration affective de la part d’un monsieur chinois à laquelle je ne m’attendais vraiment pas. Un baisemain qui a failli me faire tomber de mon vélo, suivi d’une bise puis d’un baiser sur le front. Mes deux compères étaient un peu devant, et moi je suis restée bête !

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Laurence (mercredi, 21 septembre 2011 13:55)

    J'ai trouvé ce récit passionnant!! La tension lors de la préparation du voyage en train, le repos et la sérénité de retrouvailles confraternelles (vélocipédiques) où vous jouez le rôle d'anciens,le baiser du chinois et ce regard qui s'affine au fil du temps! Bravo! Mille bisous!

  • #2

    Véloptimistes (mercredi, 28 septembre 2011 06:05)

    Merci Mamoune! On pense fort a vous! Enormes baisers du Kirghizstan!

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