L’indigestion, et la fin en camion

Du désert, encore!
Du désert, encore!

Date : 20 et 21/04/11

Rédacteur : Anne

Trajet : Embranchement pour Ilo – Moquegua – Pampa – Fiscal – San José - Arequipa

 

Même si en principe nous avons deux heures d’avance sur le Pérou de par notre rythme bolivien, il nous est toujours très difficile de décoller avant les grosses chaleurs péruviennes. Nous attaquons ce matin par une belle montée et pensons naïvement qu’une fois que nous aurons atteints les 500m de dénivelé, nous serons arrivés à Moquegua (notre objectif déjeuner du jour). Eh bien, non ! Quand 40km nous séparent d’une ville située à 500m au-dessus de notre niveau actuel, cela ne veut pas dire que nous n’aurons que 500m de dénivelé positif.

La route monte dans un premier temps et nous permet d’apprécier un paysage toujours très minéral mais un peu plus découpé et toujours aussi majestueux. Puis vient le moment de la traversée d’une immense pampa avant de… redescendre.

Et là c’est dur pour le moral car on pensait en avoir fini avec les côtes. Mais il faut avouer que cette arrivée en haut de la falaise avec vue sur une vallée verte, alors qu’on a vu du sable pendant 100km avant, c’est vraiment sympa. Nous passons donc du désert au Jardin d’Eden… car tout pousse ici : avocats, mangues extras, melon, tomates, raisin, zattes, fruits de la passion ! Hadrien a du mal à se contenir en voyant les marchands au bord de la route et me voici à nouveau chargée de quelques dons de la nature ! Nous faisons le plein de « frais » car nous savons que le prochain village après Moquegua n’est pas tout proche. Après une pause melon justement, nous arrivons à Moquegua pour l’heure du déjeuner et dégustons un plat dans un comedor de bord de route comme nous les aimons tant. Comme nous n’avons pris qu’un plat, nous nous laissons aller sur un cône glacé… un peu pailleté…

 

Nous reprenons la route après avoir glané quelques informations kilométriques et attaquons une jolie côtelette, puis redescendons dans des espèces de gorges, à travers des montagnes impressionnantes, pour atteindre le fond d’une vallée et remonter une bonne côte, toute bien construite par des gentils ingénieurs civils avec une pente douce et régulière.

Nous atteignons le sommet de notre ascension alors que le soleil est déjà bien bas. Le compteur indique 75km et le terrain est désormais plat. Nous avons encore un peu d’énergie et poussons volontiers jusqu’à 88km. Les statistiques du soir sont plutôt bonnes avec un dénivelé parcouru de 1260m en presque 8 heures de pédalage. Je ne suis pas peu fière, je dois dire et suis assez surprise par les ressources du corps humain

.Nous dormons sous une ligne à haute tension en plein milieu du désert, à 50mètres de la route… Ce matin, Hadrien m’annonce qu’il a mal dormi et qu’il n’a pas digéré quelque chose de la veille. Pierre-Emmanuel ayant eu ce genre de problème, nous soupçonnons fortement le pesto que nous utilisons tous les jours (ou presque).

Tant et si bien qu’il n’avale presque rien pour le petit déjeuner et se sent déjà très faible. Ne sachant pas si le mal est installé et/ou en cours de progression, je prépare nos vélos afin de parcourir le nombre de km nécessaire à atteindre notre objectif, c’est-à-dire Arequipa à 170 km en 3 demi-journées.

Mais Hadrien agonise sur le sable entre deux « raids baños » et je comprends assez vite que la matinée ne sera pas sous le signe du pédalage.Nous tentons quand même et 5km en descente ont raison du Véloptimiste Mâle !

Le voilà allongé sur son fauteuil au bord de la route en se tenant le ventre. Pas de doute : le camionetta stop s’impose. PE si tu lis ces lignes, sache que nous avons eu une tendre pensée pour toi ce matin !! C’était du déjà vu !Me voilà donc à tendre le pouce en espérant qu’une âme charitable aura la bonté de s’arrêter et de nous prendre. D’abord le pouce, puis un bras faisant des grands signes, puis les deux bras et à la fin je sautais pour que les chauffeurs cessent de faire semblant de ne pas me voir. Quelle déception ! Tous ces gens qui sont si contents de nous voir pédaler, qui nous assourdissent de coups de klaxon et qui nous éblouissent avec leurs phares, pas un qui s’arrêterait pour voir si on aurait besoin de quelque chose. J’exagère un peu. Une voiture de chantier s’est arrêtée au bout d’une heure en nous proposant de l’eau et des médicaments, et 2 heures après une famille a fait demi-tour prise par le remords pour voir ce qui n’allait pas. C’est fou ! Hadrien était allongé en plein soleil, les vélos gisaient sur le sol, on ne pique-niquait pas, le paysage était désertique et les gens avaient sans doute l’impression qu’on prenait le soleil. C’est dans ce genre de situation qu’on se rend compte de beaucoup de choses :

 

Encore et toujours le désert
Encore et toujours le désert

- Les gens ont peur de leur ombre et craignent sans doute qu’on leur pique leur voiture

- On a toujours l’impression qu’on ne peut pas faire telle ou telle chose, en l’occurrence s’arrêter, parce qu’on est trop pressé et qu’on n’est pas la bonne personne, qu’il y aura toujours quelqu’un pour palier son insuffisance

- Qu’il ne vaut mieux pas être à l’article de la mort sur la Panaméricaine car peu de chance d’arriver à temps à l’hôpital- Quand on rentre on s’achète un Hilux avec une benne pour prendre les cyclistes en galère

- On regardera les auto-stoppeurs même quand on ne pourra pas les prendreAlors que l’heure avance, je commence à envisager des solutions parallèles : replanter la tente pour qu’Hadrien se repose et attendre le lendemain pour atteindre Fiscal et de là faire du stop pour rattraper notre retard.

Car oui, à ce stade, nous savons qu’atteindre Arequipa en vélo et dans les temps impartis est impossible. Nous sommes assez déçus car voici plus de 10 jours que nous mettons tout en œuvre et que nous poussons mental et machines pour réussir, et à cause de ce fichu pesto ou de cette glace à paillettes, Hadrien a le corps qui lâche ! C’est la m….

 

Grand malade!
Grand malade!

Finalement, je tente un dernier signe désespéré et un camion s’arrête.

Victor, son chauffeur, nous prend et nous propose de nous emmener à l’embranchement entre Lima et Arequipa. Il est bien sympa mais les malaises d’Hadrien et mon espagnol très pauvre ne permettent pas une conversation très enlevée.

Peu importe, notre sauveur nous lâche à 48km d’Arequipa, nous sommes ravis et le remercions chaleureusement. Mais Hadrien ne va pas mieux et il lui est impossible de continuer à vélo. Deux choix : soit on s’arrête là pour la nuit et on espère que ça ira mieux demain pour repartir, soit on trouve un deuxième lift pour atteindre Arequipa ce soir.

Vu l’état du cycliste, la deuxième solution s’impose ! Nous poussons à vélo après l’embranchement pour Arequipa et tombons sur un barrage de policiers en pleine campagne de sensibilisation contre l’alcool au volant.

Nous leur expliquons notre problème, et ces derniers arrêtent un camion dans lequel nous chargeons nos vélos. Roberto n’a pas eu bien le choix et nous comprenons que notre présence le retarde. Il est très stressé et peu causant, (mais quand il cause, il a un accent que nous ne comprenons pas !).C’est très gentiment qu’il nous conduit dans le centre de la ville. Nous voici bientôt Plaza de Armas. Nous sommes jeudi saint et la ville grouille. Nous mettons un peu de temps à trouver un Hostal, la plupart sont complètement pleins. Finalement, nous trouvons un petit hôtel modeste mais avec baño privado et serviettes fournies (svp !) en plein centre.

Hadrien grelotte de fièvre, bref c’est la frite !Je file en ville rapidement et entrevois déjà un fort potentiel à cette ville : des pommes d’amour sur des stands ambulants, des brochettes de fruits ou de guimauve au chocolat, des boulangeries de tarés, des monuments historiques, de belles illuminations… Ravie de savoir que nous restons ici 3 jours, je vais prendre mon grand bol d’air de ville !

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Commentaires: 6
  • #1

    Laurence (dimanche, 08 mai 2011 07:55)

    Un cornet un peu trop pailleté chacun...heureusement qu'un seul en a souffert!
    Prudence à l'avenir!
    Mille bisous et bonne route!

  • #2

    A&A (lundi, 09 mai 2011 03:10)

    à ça être malade c'est la plaie!
    est-ce que la guimauve aurait pu lui remonter le moral?!!

  • #3

    Cam (lundi, 09 mai 2011 23:02)

    Mes petits lapins,

    Que d'aventures! Trop contente de vous suivre (mon bonheur du metro). Je vous prépare un long mail avec update parisien.
    des bisous

  • #4

    Camille (lundi, 09 mai 2011 23:05)

    et plein de courage à Hadri!

  • #5

    Sandra Salomon (vendredi, 13 mai 2011 17:47)

    Coucou les amis,
    j ai toujours autant de plaisir de lire vos aventures.
    Anne tu n as pas honte de parler pomme d' amour guimauve pendant qu'Adrien agonise.
    Continuez a nous faire rêver.
    Sandra

  • #6

    Juicer Reviews (dimanche, 21 avril 2013 05:09)

    This post was in fact precisely what I had been looking for!

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- Rentrés le 27/11/12 à Paris!

- Hadrien a trouvé du travail et nous habitons à Annecy-le-Vieux.

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