Kita s’arrêter, autant se reposer !

Date : 24-25/12/10

Rédacteur : Hadrien

 

Après être repassé montrer nos vélos au « bar » de la veille, nous parcourons les derniers kilomètres sans difficulté. Seule notre rencontre avec des gendarmes très sympathiques et prévenants envers Anne qui commence à être sérieusement fatiguée est à noter !

Kita est une ville agréable située auprès d’une colline, contrairement à ce que nous avons vu jusqu’à présent, il y a pas mal de bâtiments coloniaux, la ville a dû être une gare importante à l’époque coloniale.

Nous allons directement au sanctuaire marial (lieu de pèlerinage des catholiques maliens) car nous savons qu’il y a des hébergements disponibles.

Nous comptions rencontrer les pères et discuter un peu avec eux… peine perdue ! Nous sommes la veille de Noël et il y a du « pain spirituel sur la planche » comme le dirait notre cher ami Skippy ! ;)

Le seul père que nous rencontrons est un peu pressé et nous montre une chambre superbe mais complètement à l’écart… nous sommes un peu déçus car Noël s’annonce solitaire !

En quelques coups de pédales nous arrivons dans le centre ville pour les réjouissances citadines du cycliste : bonne bouffe et internet !

La bonne bouffe c’est « aux délices de Kita » ( !!) et internet juste à côté, nous prenons plaisir à lire les nouveaux messages et à répondre à chacun !

C’est en nous effondrant littéralement à 16h que nous réalisons l’étendue de notre fatigue… une sieste de 2h nous remet d’aplomb pour préparer notre dîner de Noël : Sardines en entrée et pâtes au thon et aux olives (ô joie !) le tout arrosé de délicieux jus d’ananas et conclut par un paquet de (presque) vrais cookies ! Autant dire que nous pensons bien à nos familles et sommes vraiment contents de les joindre au téléphone !

 

22h, les cloches sonnent et nous filons à la messe de minuit ! Que de couleurs et de beaux chants, la chorale se donne à fond et l’accompagnement instrumental est au niveau, nous avons par moment l’impression que le « show » est plus important que la liturgie ! ;) ce qui nous arrange pas mal car la messe est dite en Bambara et que nous n’y comprenons strictement rien…heureusement l’évangile est aussi lu en français et nous avons notre missel. Je réalise que ce soir, chaque chrétien lit le même évangile et réalise l’ampleur du message de Noël. C’est la première fois que je vis Noël hors de France et globalement hors de mon environnement habituel (famille, milieu…) et j’avoue être profondément touché par cette expérience, ici à Kita, au Mali !

A la sortie de la messe, nous entendons la musique et les cris de fête dans les familles alentours mais nous sommes trop fatigués pour essayer d’y faire un tour… dodo pour tout le monde, c’est pas plus mal !!

 

Après un petit déjeuner de fête (papaye et pain frais !), nous prenons le temps… quel bonheur ! Pendant que je prépare l’itinéraire des prochains jours, Anne prépare des mails.

Nous avons appris qu’une nouvelle route est en cours de construction pour rejoindre le Sénégal, celle-ci nous ouvre les portes de deux régions intéressantes : celle de Kéniéba au Mali (vallonnée et très sauvage) et le pays Bassari au Sénégal. L’inconvénient est que nous trouvons peu d’informations sur cette voie qui n’est pas sur notre carte… bref un tour sur internet et quelques échanges avec la population confirment que 1°) ca vaut le coup et 2°) c’est faisable !

Ensuite nous prenons plaisir à déguster un déjeuner de Noël comme il se doit : Frites, steak et coca (c’est un peu caricatural mais j’avoue que c’est un plat internationalement bon et très difficile à rater !!...bien que les frites baignent en général dans une sorte de sauce… le croustillant sera pour plus tard !) et à aller nous coucher pour la sieste ! Ah le bonheur de dormir beaucoup !

Mais pas cette fois… notre nouvel itinéraire est un peu incertain et risque d’être intense physiquement, nous ne trouvons pas le sommeil : pas le moral de reprendre l’effort physique intense et la course aux kilomètres pour être à l’heure au rendez-vous fixé avec les parents d’Anne…

A tel point que l’on part se balader pour nous changer les idées… et c’est là que la magie opère !

De fil en aiguille, nous trouvons un bus qui part le lendemain et qui nous fera gagner 150km (2 jours) sur notre itinéraire, surtout que c’est une partie goudronnée qui ne nous intéresse pas, youpi !

Le moral remonte un peu ! Et lorsque, curieux de la musique que l’on entend, nous passons les portes du bar voisin, nous sommes entrainés par toute l’équipe qui le gère : ils nous font danser, poussent des cris, nous poussent à nous asseoir… bref, me voici assis avec une bière et 5 personnes nous entourent. Pour une fois on ne parle pas de nos vélos (ils sont restés à la paroisse) et ça fait du bien !

Nous discutons de tout, de rien, bien sûr un peu du voyage mais surtout de la vie au Mali.

Mamadou, est musulman mais boit de la bière, comme il sait que c’est interdit, il se dit qu’il ne va pas être hypocrite envers dieu et ne prie donc pas… mais il sait qu’observer le Coran est un idéal vers lequel il essaie de tendre car il est profondément croyant ! Quelle philosophie et quel sens de la religion mais aussi quelle simplicité et humilité ! Beaucoup de musulmans pensent ainsi au Mali m’a-t-il dit.

J’en profite pour lui poser plein de petites questions, il est intéressant et parle bien français, autant en profiter !

Alors il faut savoir que presque toute la cuisine est faite au bois et que le charbon (de bois) reste cher (2500CF-3,75€ le très gros sac) pour la majorité de la population. En apprenant cela, je suis vraiment désolé que les paysages maliens soient aussi déboisés par ceux qui font du charbon… pour une utilisation si limitée et pour en tirer de si faibles revenus… !

Mamadou travail dans une « mine traditionnelle », il est coupeur au fond d’un puits d’or dans la région de Kéniébala. Nous discutons des conditions de travail dans ce métier.

Les mines sont en fait des puits qui, selon lui, ont jusqu’à 100m de profondeur, je n’y crois pas mais ils doivent être sacrément profonds tout de même ! Pour descendre, un « escalier » taillé dans la roche : un pied de chaque côté du trou ! au fond, des galeries partent pour aller chercher le minerais, parfois jusqu’à 10m à la vertical du puits central. Les galeries sont étayées par du bois coupé dans les forêts alentours. Il y a souvent des accidents et des morts me dit-il.

Et la mine tourne 24h/24, en 3 ou 4 équipes selon les mines. Et tout cela pour quel salaire ?

Chacun est rémunéré en fonction de la quantité de terre à trier sortie. Par exemple si 100 sacs sont sortis du trou, 30 iront aux coupeurs et 70 aux propriétaires. Ensuite chacun ira trier son paquet pour en extraire de l’or.

Le triage se fait en 4 étapes : concassage à la main, puis lavage à l’eau, tamisage et finalement précipitation « il y a la baignoire, on met un produit dedans et on récupère l’or », a priori c’est du mercure qui est ajouté.

Quand je l’interroge sur la clef de partage 70/30, il me répond sereinement que c’est normal car il y a tout un monde qui gravite autour des puits : Les propriétaires du terrain, ceux de la mine, les grands propriétaires qui sont « au-dessus » des deux derniers, les financeurs qui paient le bois de la mine et les frais d’exploitation (mais pas les frais de vie des coupeurs)… « beaucoup de monde » me dit-il ! Comme quoi l’objectif reste souvent de vivre du travail de l’autre, quel que soit le monde dans lequel on vit !

Son regret ? Tout l’argent gagné par les propriétaires est dépensé n’importe comment, « ils n’ont pas de plan de développement »… alors que lui travaille pour pouvoir ouvrir un commerce en ville.

Lorsque nous serons à Kéniéba, nous essaierons de visiter ces « mines traditionnelles » !

Maintenant, dodo et préparatifs, demain c’est le grand départ, le dernier avant celui pour l’Amérique du Sud!

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0

Language

Breaking news

- Rentrés le 27/11/12 à Paris!

- Hadrien a trouvé du travail et nous habitons à Annecy-le-Vieux.

- La page concernant les visas est à jour, de même que celle qui concerne les démarches à faire avant de partir.

- Les itinéraires par pays et général sont mis à jour

- A venir bientôt: Retour sur le matos et les démarches joyeuses du retour!

- Diaporama de photos sud-américaines

 

Soutenez nos projets!

Nous collectons des fonds pour Sala Baï.

En savoir plus

http://louer1velo.jimdo.com/

Vous devez installer le Plugin Flash :

Download Flash Plugin

Vous pouvez aussi accéder directement à la page de collecte

Nos photos en ligne

Inscrivez-vous à la newsletter